Asie
Peuples du Monde : les Gilaki
Le peuple Gilaki vit depuis des milliers d'années dans le Nord de l'Iran, dans une zone entre la côte Sud de la Mer Caspienne et les sommets de la chaîne de montagnes de l'Elbourz. C'est cette position isolée, protégée de tous côtés par la nature qui lui a permis de conserver jusqu'à nos jours son indépendance et son identité culturelle.
Au cours de l'histoire, les Gilaki ont toujours été isolés et il fut toujours difficile de les conquérir. Ils ne se mélangeaient pas avec les autres peuples mais furent étroitement liés aux peuples Tâlesh et Mazanderani qui vivent également sur les berges de la mer Caspienne et parlent un dialecte perse ancien que les iraniens du reste du pays ont du mal à comprendre. Leurs tenues sont pittoresques, joyeuses et colorées. S'ils les portent rarement, y compris dans les villages, ils les conservent précieusement chez eux pour les sortir de la naphtaline à chaque occasion lors d'une séance de photos. Les touristes qui traversent la région peuvent même les louer.
UN PEUPLE D'ABONDANCE
Grâce à une position d'exception, le peuple Gilaki n'eut jamais de problème lié à la nourriture. Au contraire d'autres grandes régions iraniennes, règne ici un climat humide et subtropical avec quatre saisons. A l'automne et au printemps tombent de fortes pluies. Les forêts épaisses mais aussi les plaines fertiles et les collines cultivées donnent à toute la région une superbe couleur verte. C'est sans doute pour cela que les iraniens qui adorent le vert vous diront souvent qu'il s'agit ici de l'une des plus belles provinces du pays.
Le peuple Gilaki s'adonne traditionnellement à l'agriculture et à la pêche. Les Gilaki ont en outre toujours été d'excellents commerçants car ils se trouvaient non seulement sur les principales routes de commerce mais avaient en plus de quoi vendre. Ce peuple est connu pour quelques spécificités comme une façon particulière de cultiver le riz, le thé, les olives et l'ail sur lequel ils ne lésinent pas dans leur cuisine.
On plante le riz une fois, voire deux fois par an. Ce sont presque uniquement les femmes qui s'acquittent de cette tâche. Vous verrez même très rarement un homme les pieds dans l'eau car on croit ici qu'un long séjour dans l'eau nuit aux organes génitaux. Les femmes des villages se rassemblent et travaillent ensemble leurs champs, plant par plant. L'une d'entre elles est en général chargée de la nourriture pendant que les autres travaillent dans les rizières. L'entraide est des plus importantes dans cette région du monde. Elle fait partie de la culture iranienne. La récolte est l'affaire des hommes. Le riz de la région a un goût particulier et une odeur typique. On le considère comme le meilleur riz du pays. Ceux qui, comme moi, eurent l'occasion de le goûter, auraient même tendance à dire qu'il s'agit de l'un des meilleurs riz de la planète. En raison de son goût particulier, ce riz n'est pas exporté. Il sert à nourrir pratiquement tout l'Iran. Une famille de Téhéran, de quatre membres, achète en moyenne 1000 kg de ce riz par an. Le peuple Gilaki aime tellement son riz qu'il le consomme même parfois au petit déjeuner. En l'absence de boulangerie de proximité, on peut manger, au matin, du fromage salé, des tomates et du riz.
Dans la mer Caspienne, on pêche des poissons consommés frais, marinés ou fumés. Riz et poissons fumés sont incontournables sur les tables de Nouvel An. Outre le poisson, la mer Caspienne produit un succulent caviar de bien meilleure qualité que celui venu de la Russie voisine qui est pourtant bien plus connu. On voit cependant rarement ce caviar sur les tables locales, en raison de son prix. Il est surtout exporté.
Le peuple Gilaki est également connu pour ses olives et ses délices à base d'huile d'olive. Les olives locales donnent une excellente huile qui est souvent utilisée avec des noix pour un goût aigre-doux des plus intensifs. On sert ces noix en apéritif ou accompagnement. La petite ville de Rudbar, sur la route de la mer Caspienne depuis Téhéran est un véritable paradis pour les amateurs de cuisine Gilaki. Vous pourrez ici acheter, en plus des olives et de l'huile d'olive, des marinades, confitures et marmelades ainsi que de la pâte de coing, de prune et bien d'autres délices sucrés. Tout ceci ne fait que confirmer l'abondance dans laquelle vit le peuple Gilaki, continuant à préserver ses traditions culinaires et la créativité de ses ancêtres.
La culture de préparation de la nourriture est ici, comme dans tout l'Iran, une partie inestimable de la vie quotidienne. Parmi tous les "présents" de la nature se trouvent de nombreuses espèces de fruits et légumes qui sont une base parfaite pour les succulentes spécialités Gilaki, variantes de plats que l'on sert partout en Iran. Mirza Ghasemi, Bagale Horosht, Fesendjan, Kebab-e Torsh, voici les noms de quelques spécialités qu'il vous faudra absolument goûter si vos pas vous conduisent en Iran. Le peuple Gilaki utilise toujours un peu d'huile dans ses plats qui sont souvent bouillis. Outre le riz, on mange beaucoup de poissons et de légumes (surtout des pois) ainsi que diverses sortes de noix. La nourriture est souvent légèrement aigre, avec de l'ail à profusion. On dit que là se trouve le secret de bonne santé du peuple Gilaki. Ils ont également une habitude un peu incroyable : les femmes utilisent depuis les temps anciens des morceaux de métal dans la nourriture afin de garantir la présence de fer. C'est pourquoi le peuple Gilaki n'aurait jamais manqué de fer !
le suite dans HORIZONS MONDE 22 :)